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De la pertinence du massurréalisme

James Seehafer : “Postage Stamp in Midflight” (« timbre-poste en plein vol ») 2014. Photographie / collage numérique, peinture sur aluminium avec médias supplémentaires (cliquez ici)

La direction de l’art surréaliste contemporain évolue depuis aussi longtemps que les gens ont eu le désir de reproduire l’imagerie onirique sur un média physique dont tout le monde pourrait faire l’expérience. Le résultat est une catégorie émergente d’arts visuels qui se joue des règles et qui remet en question l’existence en regardant le subconscient de plus près.

Les différents outils disponibles pour les artistes ont essentiellement influencé l’évolution de l’art. Avec le développement des technologies, la tendance a poussé son utilisation à des fins créatives. À l’aide de l’imagerie numérique, du son multicanal, et du mouvement visuel, les artistes peuvent désormais réorienter leurs compétences pour captiver le public à travers des expériences multimédias. Le résultat est la transformation de base appelée massurréalisme.


Troy Paiva: photographie de nuit avec lumière dirigée sur le sujet au moment de l’exposition.

Ce genre d’art inventé en 1992 est utilisé pour identifier les oeuvres qui mélangent les éléments du surréalisme contemporain avec nos idées et la portée des médias contemporains. Différentes couches d’imagerie, réalisées à l’aide de la technologie, sont utilisées pour fournir de meilleures expériences que nous partageons en tant que personnes à travers l’illusion et l’imagination partagée.

La technologie offre l’utilisation d’images plus nettes, des couleurs plus vives, et de techniques qui ne peuvent pas être perfectionnées à la main. Pour les œuvres qui étaient auparavant statiques, un exemple, comme la photographie, crée des espaces pour intégrer un mouvement, une transition, et une métamorphose. Un autre exemple comme le film, nous donne la possibilité de capturer la réalité en temps réel et avec la garantie que nous allons tous en faire la même expérience lorsque nous le visionnons. En manipulant la vidéo, nous pouvons créer l’une des formes les plus vives du surréel. Les images réelles peuvent être fabriquées et remplacées sans que l’on ne remarque quoi que ce soit. Le résultat est si convaincant, qu’il élève ce que nous savons à propos des œuvres surréalistes du passé. La capacité à manipuler des images et du son bien réels offre une forme plus vraie du surréaliste en juxtaposition à la réalité personnelle.


Chip Simons : photographie et collage numérique.

Les diverses méthodes derrière le massurréalisme se prêtent à différents formats d’affichage et de visualisation créatives. Dans l’exemple des oeuvres numériques, presque tout le monde est équipé de la technologie nécessaire pour faire l’expérience de cette forme d’art très stimulante. C’est de là que vient l’idée de musées sur internet et d’expositions d’art interactives.

Le but du massurréalisme est de faire participer le public et d’offrir aux gens une chance d’explorer leur propre subconscient et de rapporter cela à ce qu’ils vivent au quotidien. Avec de nouveaux outils et de nouveaux canaux de distribution, cela peut désormais être possible.


Phil Kocsis: digital methods. procédés numériques.

Pour mieux comprendre cette idée, il est utile d’aborder la définition du spectacle :

  • une performance ou une présentation intéressantes d’un point de vue visuel
  • un événement ou une scène considérés en fonction de leur impact visuel.
  • La relation entre le spectacle et les médias de masse définit partiellement le massurréalisme, mais la relation est aussi intrinsèquement liée à la société du spectacle ; autrement dit, le spectacle non seulement en tant que synonyme d’événements ou d’images sur des medias, mais aussi comme type de relation via des représentations. Les artistes massuréalistes exploitent des images, des objets et des idées qui existent déjà pour créer de nouvelles constructions et un sens nouveau.

    Le massurréalisme est significatif dans l’art, car il consiste en un détournement de concepts et d’outils qui sont à la fois anciens et nouveaux, tel un renouveau de courants passés. Ça ne suggère donc pas nécessairement une vision extérieure à l’économie du spectacle marchand, mais lui donne plutôt une structure afin de configurer un nouveau paradigme de représentation.

    Domenic Ali : photographie et procédé numérique.

    Une combinaison de mouvements, qui forme la plaque tournante d’une phénoménologie expressive et qui reflète la transformation continuelle du massurréalisme lui-même souligne ce nouveau paradigme. En regardant ces oeuvres d’art, nous discernons des exemples fascinant de l’amalgame d’influences critiques dans la culture visuelle moderne sous forme de montages photographiques, la composante de la peinture abstraite, et de l’esthétique dérivée d’internet et de logiciels informatiques. Cette combinaison d’influences n’est pas seulement symbolique du massurréalisme, mais sert plutôt à souligner la capacité de l’art du début du 21ème siècle à élaborer une vision qui englobe les espaces extérieurs et intérieurs. À d’autres égards, les artistes, loin de se borner à des explorations formelles liées à leurs médias respectifs, se font les témoins des préoccupations sociales ou politiques en adoptant un regard critique sur l’ère de la consommation numérique, du temps condensé, et du mondialisme.

    Michael Morris : peinture et photographie.

    Le massurréalisme pourrait donc être considéré comme composé d’une double nature : un processus créatif au sens esthétique et anthropologique du terme ; et comme l’organisation de ce processus dans un système où la production et la diffusion de nouvelles oeuvres d’art coexistent avec la création de nouvelles images et pratiques culturelles.

    Simian Coates : photographie et procédé numérique.

    « En savoir plus sur le massurréalisme », Itinerante Televisión, Mexico (en espagnol uniquement)

    Le mouvement massurréaliste est significatif de notre époque, car il révèle une logique de déconstruction à la fois formelle ou conceptuelle. Ça a laissé une marque profonde dans l’histoire de l’art lui-même au cours des dernières décennies. Ça a élargi le champ de reconfiguration identitaire de la discipline, en le décomposant même sous forme d’études de la culture visuelle. Ce processus de déconstruction est particulièrement intéressant de par son existence dans l’aspect international du mouvement. Le massurréalisme incorpore ces notions à travers des œuvres d’art directement liées à notre environnement et qui nous obligent à formuler des observations sur sa relation avec l’industrie du divertissement. Ces incertitudes fertiles proviennent de la friction entre le matériel historique et physique, le manuel et le numérique, la science et la technologie, le capitalisme et le monde post communiste, et de l’éthique entourant l’intelligence artificielle et nos relations avec les objets.

    Tré : photographie et procédé numérique.

    Enfin, le massurréalisme exprime la fatigue d’une génération au sujet des discussions interminables sur l’épistémologie de la philosophie moderne, paralysées par le raisonnement circulaire du post-structuralisme. Les artistes massuréalistes se présentent eux-mêmes comme des alternatives, après avoir relancé le débat et l’étendue de notre réflexion sur ces questions. Le mouvement devrait donc ne pas être considéré comme une philosophie unique, mais plutôt comme une étiquette pour un large éventail d’idées divergentes, ainsi que l’extension des limites de notre relation avec l’art lui-même.

    James Seehafer “Postage Stamp in Midflight” (« timbre-poste en plein vol ») 2014. médias supplémentaires :

     

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